eluminure H

istoire

2ème Partie de la révolution à nos jours:

Révolution française :

En 1790, Le Faouët fut érigé en commune et devint même chef-lieu d’un district de 1790 à 1795 regroupant 17 communes. Cette même année, le Parlement de Bretagne fut aboli.

Georges Cadoudal, notamment, rallia le Morbihan autour de lui après la déroute de Savenay. Malgré une adhésion initiale d’une large part de la population rurale au processus révolutionnaire en 1789-1790, des attitudes anti-révolutionnaires augmentèrent par la suite. Dans le Morbihan, il était impossible de forcer nobles et paysans à assister à la messe des prêtres jureurs, le clergé étant proscrit et la religion catholique hors la loi.

Au Faouët La ville est pro- révolutionnaire tandis que la campagne alentour y devient rapidement hostile. Ses administrateurs, notamment Jean-Marie Bargain, commissaire du district, font preuve d’un grand zèle républicain et n’hésitent pas à se porter acquéreurs de biens nationaux notamment cléricaux et appliquent sans hésitation les mesures votées à l’assemblée nationale. Cela déplait particulièrement aux chouans et la ville du Faouët est attaquée à trois reprises. La première attaque se produit dans la nuit du 28 au 29 janvier 1795. Les assaillants attaquent de plusieurs côtés à la fois : par la rue du Poher, la rue du château et l’actuelle rue de Saint-Fiacre . Ils sont repoussés par la petite garnison du Faouët qui s’est retranchée sous les halles. (garnison constituée de 12 canonniers, 90 hommes de la garde nationale, 38 hommes de lignes, 5 chasseurs à cheval et 3 gendarmes). Elle oppose un feu nourri notamment des deux canons qui causent de lourdes pertes. Les chouans s’enfuient mais laissent sur le terrain 14 morts, 8 blessés et plusieurs prisonniers. La seconde attaque a lieu le 30 juin 1795 où les chouans ne rencontrent aucune résistance, la garnison étant absente, et sont plutôt bien accueillis par la population. Les patriotes de la ville ont en effet pris la fuite pour trouver refuge à Lorient. Lors de la troisième attaque, le 6 janvier 1800,. Ils abattent l’arbre de la liberté et pillent les demeures de Jean Marie Bargain et des principaux acquéreurs de biens nationaux, la ville étant une nouvelle fois désertée par sa garnison et ses patriotes …

Les_derniers_Chouans_devant_Sainte-Barbe_au_Faouët_(Jean-Maurice_Duval)

En 1800, juste à la fin de la période étudiée, Le Faouët cessa d’être chef-lieu de district pour faire partie de l’arrondissement de Pontivy.

En 1801, sa circonscription cantonale est augmentée pour inclure les communes de Guiscriff, Lanvénégen, Locunolé, Meslan, et Berné. Ces changements font suite à la création du département du Morbihan en 1790, qui avait regroupé des paroisses issues d’anciens évêchés voisins, parfois sans respecter les anciennes limites linguistiques ou géographiques.

Sur le plan religieux, le Concordat de 1801 entraîne le rattachement de la paroisse du Faouët au diocèse de Vannes, alors qu’elle appartenait auparavant à celui de Quimper. Ce concordat s’inscrit dans une période de réorganisation religieuse après les troubles révolutionnaires.

claude rené Bellanger Tableau du 19e
Tombeau claude rené Bellanger

Claude-René Bellanger     s’illustra tout particulièrement pendant les guerres du premier empire : Claude-René Bellanger, né au Faouët le 27 août 1768, chapelier de profession, commença sa carrière militaire comme volontaire dans la garde nationale du Faouët le 16 août 1791. Il participa pendant la période révolutionnaire avec le 1er bataillon du Morbihan à la désastreuse expédition à l’île de Saint-Domingue. Promu chef de bataillon, il se distingue pendant le premier empire par sa bravoure lors du siège de Dantzig notamment. À la tête d’une centaine de soldats, le 4 septembre 1813, il force l’ennemi qui s’était emparé du poste de Schidlitz à abandonner sa conquête puis résiste à deux assauts successifs. Ces faits d’arme lui vaudront le commandement de la place de Vannes et la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Il quitte définitivement l’armée le 22 décembre 1814 puis sera nommé maire du Faouët en 1830 et restera à ce poste pendant six ans. Il fait l’acquisition à l’âge de 73 ans d’une parcelle de terre sur le placître de la colline Sainte Barbe, près du campanile qui abrite les cloches de la chapelle et s’y fait construire un tombeau. Ce sera là sa dernière demeure après son décès survenu le 8 avril 1845

La population du Faouët s’élève à 3277 habitants en 1891. (2850 actuellement !) Dans le canton, la population rurale reste prédominante, bien que Le Faouët se distingue avec une partie de sa population vivant dans le bourg (moins de 20% dans les bourgs hors Le Faouët dans le canton en 1891).

Les obligations liées à l’entretien des routes, comme la corvée des grands chemins généralisée en 1738, perdurent au début du siècle, même si elles étaient mal acceptées par les paysans. Des travaux routiers sont attestés, par exemple, pour la route Le Faouët-Quimperlé en 1821, impliquant des familles soumises à des prestations en nature, en charrois, journées d’hommes et contributions financières. Les transports restent lents et difficiles en Bretagne. L’arrivée du chemin de fer bouleverse l’économie bretonne plus tard dans le siècle (Paris-Brest 1865),  Le commerce atlantique, ruiné par les guerres de la Révolution et de l’Empire, ne retrouve pas son importance antérieure au XIXe siècle.  La misère continue d’être une réalité dans les villes et les campagnes du Morbihan sous la Restauration. La vaccination devient gratuite et obligatoire en 1902, mais son adoption dans le canton du Faouët est lente.

De 1860 à 1920, Le Faouët devint l’un des principaux centres artistiques de la Bretagne intérieure, attirant de nombreux peintres (Arthur Midy, Guy WithewHenri Guinier, Henri Alphonse Barnoin ….)et photographes français et étrangers. Leur venue fut facilitée par l’arrivée du chemin de fer à Quimperlé en 1865, ville distante de 26 kilomètres, puis au Faouët même en 1906. Les artistes sont hébergés principalement dans les deux hôtels, Le Lion d’Or et La Croix d’Or, donnant sur la place des Halles

le-faouet-touring-hotel

La figure de Marion du Faouët, brigande du XVIIIe siècle (1717-1755), reste très présente dans la mémoire locale du Faouët et de ses environs (Guéméné, Gourin) en 1884. Cette mémoire orale populaire, transmise via récits et légendes, la dépeignait initialement de manière négative (sorcière, croquemitaine) et était « particulièrement vivace » et « abhorrée ».

En 1884, Julien Trévédy, alors président du tribunal civil de Quimper, publie la première étude historique sur Marion du Faouët dans le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère. Son travail, basé sur des documents authentiques, cherchait à présenter Marion sous son « vrai jour », en opposition à la tradition populaire. Il fut suivi par d’autres échos, dont le travail de Jean Lorédan qui deviendra une référence au début du XXe siècle (publié en 1908/1909).

En 1907, François Cadic publie une gwerz (complainte) de Marion du Faouët, mentionnant le travail consciencieux de M. Trévédy qui a exhumé cette figure des archives.

En 1908-1909, Jean Lorédan publie une étude sur Marion du Faouët qui devient la référence sur le sujet. Basée sur de nouveaux documents d’archives, son œuvre se veut débarrassée de la légende. Lorédan s’attache à la replacer dans le contexte de la « grande misère » du XVIIIe siècle en Bretagne. Son livre connaît un succès retentissant dès novembre 1909 et sera réédité à plusieurs reprises.

D’autres figures locales de la fin du siècle sont documentées, comme la famille de bouchers Le Bouar, « vieille famille locale » du Faouët. Eugénie Le Bouar, née au Faouët en 1850, épouse Louis Marie en 1871, et leurs vies (notamment la gestion d’un comptoir et bazar) sont liées à la ville, avec des événements publics qui attiraient la foule en 1879 et 1896. En 1901, à la suite du décès de Louis Marie en 1896, sa veuve Eugénie Le Bouar, née au Faouët en 1850, est contrainte de louer la moitié de la surface commerciale de son bazar. Cela donne un aperçu des réalités économiques et sociales des familles commerçantes locales au début du siècle

La Comtesse du Laz publie une notice historique sur la Baronnie du Faouët en 1892, abordant notamment l’histoire du château. L. Léna est mentionné comme un historiographe local.

Le canton du Faouët avait une population significative au début du siècle, avec 3702 habitants pour la commune du Faouët en 1901.

La période est fortement marquée par les politiques de laïcisation de la Troisième République, culminant avec la loi de Séparation des Églises et de l’État en 1905. Les lois antérieures visant les congrégations conduisent notamment à l’expulsion de celles-ci autour de 1902. Les Ursulines du Faouët, qui avaient racheté leurs bâtiments après la Révolution et continuaient d’y instruire les jeunes filles en 1891, sont directement concernées par ces expulsions. La résistance aux inventaires des biens d’église en 1906 a été particulièrement marquée dans certaines zones du Morbihan, suggérant que Le Faouët, en tant que commune bretonne rurale réputée pour sa religiosité, a probablement connu des tensions liées à ces événements

Jean corentin Carré Carte souvenir

Première Guerre mondiale : (1914-1918) a un impact majeur, bien que les sources ne donnent pas de détails spécifiques sur Le Faouët. À l’échelle de la Bretagne, la guerre est une épreuve qui accélère la francisation des campagnes et voit se développer une compétition mémorielle autour du sacrifice des soldats bretons

Le nombre de tués, lors de la Première Guerre mondiale, s’élève à 165 pour la seule commune du Faouët et 922 pour l’ensemble du canton. Un chiffre élevé qui s’explique par une population très jeune et constituée majoritairement de paysans affectés de préférence dans les régiments d’infanterie de l’Armée de terre. L’un d’entre eux, Corentin-Jean Carré, engagé volontaire à 15 ans au 410e régiment d’infanterie, ayant devancé l’appel en mentant sur son âge, est considéré comme le plus jeune poilu de France. Il mourut après avoir été abattu lors d’un combat aérien au-dessus de Verdun le 18 mars 1918.

Les sources mentionnent des faits divers notables dans le canton : en 1925, un crime survient à Meslan, et en 1929, un autre crime particulièrement crapuleux a lieu au village de Triguirizit.

On note la naissance de figures locales qui marqueront la période suivante, comme François-Louis-Marie Kervéadou, né à Guiscriff en 1910, qui entre au petit séminaire en 1922 et est ordonné prêtre en 1934, illustrant la continuité des vocations religieuses dans le secteur. Un peintre antiquaire renommé meurt au Faouët en 1927.

Des figures locales contribuent à la vie intellectuelle et culturelle, tel Joseph Fréjon, originaire du Faouët, mentionné comme avocat honoraire, poète et folkloriste. Des publications importantes pour l’identité bretonne voient le jour, comme celles de Fanch Jaffrennou autour de 1910 et 1913, ou la création de la revue Ar Falz en 1933, militant pour l’enseignement du breton, marquant les prémices de mouvements culturels et politiques qui prendront de l’ampleur plus tard. La Société Polymathique du Morbihan continue ses activités et publications, contribuant à l’érudition locale et régionale.

stele-Jc-Carre-Le-Faouet
collège St Barbe

Seconde Guerre mondiale :

Dès l’automne 1939 et l’hiver 1940, le canton du Faouët accueille des évacués. Les sources mentionnent également l’arrivée, en catastrophe, de deux familles juives au Faouët suite à la rafle des 16 et 17 juillet 1942 à Paris, témoignant de l’impact direct des politiques du régime de Vichy et de l’occupation allemande sur la commune. Le régime de Vichy, perçu par certains comme un état autoritaire et policier, met en place des mesures de surveillance et de répression, comme l’obligation de posséder une carte d’identité à partir de 15 ans ou l’interdiction des bals (sauf de noces).

Le Faouët est occupé dès 1940 par les Allemands.

Une cour martiale allemande siégea momentanément en juin 1944 à l’école Sainte-Barbe (actuellement collège Sainte-Barbe) et fut un lieu d’internement et un centre de torture. Plusieurs dizaines de résistants y furent condamnés à mort en quelques jours seulement. 28 d’entre eux furent fusillés à Lanvénégen le 24 juin 1944 .  : 17 résistants, dont 6 Belges, sont fusillés à Rosquéo. L’un des Belges, Jean de Coninck, n’est que blessé : il s’enfuit sous les tirs. Il sera soigné et caché par des habitants et survivra. Le même jour, 10 résistants de Spézet et un de Saint-Goazec sont fusillés à Rozangat. Un autre fusillé, inconnu, est retrouvé dans une tombe sommaire au Pont-Neuf, toujours en Lanvénégen. Seize résistants furent fusillés le 6 juillet 1944 à Landordu  en Berné .

En début d’année 1943, l’aviation alliée bombarde massivement la base sous-marine de Lorient, entraînant l’évacuation massive de la population civile de Lorient. Près de 5000 Lorientais arrivent dans le canton du Faouët dans la précipitation. Ces évacués apportent avec eux leurs réseaux de renseignement. Joseph Hénaff, un agent de la CND (Confrérie Notre-Dame, réseau de résistance), continue ainsi ses activités depuis Le Faouët, utilisant notamment son taxi. L’épuration du mouvement breton après-guerre, associée par l’opinion à la collaboration active avec l’Allemagne, voit la disparition de figures comme l’abbé Jean Marie Perrot (assassiné en décembre 1943).

La période d’après-guerre est marquée par des mutations socio-économiques importantes en Bretagne, parfois qualifiées de « révolution silencieuse des campagnes ». Ces changements sont notamment d’ordre mental, liés au passage des générations par l’école obligatoire. L’après-guerre voit aussi une accélération de la francisation des campagnes bretonnes.

La vie religieuse continue d’être un élément structurant. François-Louis-Marie Kervéadou, né à Guiscriff en 1910, ordonné prêtre en 1934, poursuit son parcours religieux jusqu’à sa retraite en 1977 à l’abbaye de Langonnet. Au niveau régional, la Séparation des Églises et de l’État de 1905 continue d’être un « lieu de mémoire ». Après 1906 et jusqu’en 1944, les tensions subsistent. Après la Seconde Guerre Mondiale, les mouvements d’Action catholique, comme la Jeunesse agricole catholique (JAC), se développent et contribuent à une émancipation de la tutelle ecclésiastique, participant à une « sécularisation interne des consciences catholiques ». Cependant, des tensions persistent, comme l’illustrent les « procès des kermesses » dans l’Ouest entre 1949 et 1950, qui deviennent des occasions de mobilisation populaire catholiques. La Société Polymathique du Morbihan, dont les bulletins sont une source, continue d’exister, avec des publications allant jusqu’à la fin des années 1930 et au-delà (bien que les extraits fournis ne couvrent pas l’après-guerre en détail).

à partir des années 1960, est marquée par la création et l’épanouissement du mythe de Marion du Faouët. Après la période 1908-1960 dèjà mentionnée, les décennies suivantes la voient devenir une figure emblématique, un « mythe à l’œuvre ».

  • Entre 1960 et 1980, des ouvrages (roman, pièce de théâtre) façonnent ce mythe.
  • En 1980, le nouveau bagad du Faouët est nommé Bagad Marionick en référence à Marion.
  • Entre 1980 et 1990, la figure se développe, notamment avec la trilogie romanesque de Jean-Pierre Imbrohoris.
  • En 1985, un ouvrage touristique « Sur les pas de Marion du Faouët », par Jean Rieux et Lice Nédelec, lie explicitement son souvenir au pays.
  • À partir de 1990, son actualité s’intensifie. En 1997, un téléfilm « Marion du Faouët, chef de voleurs« , partiellement tourné au Faouët, lui donne une audience nationale et accroît son prestige.

Sa figure inspire des chansons (Tri Yann, Les Rives), des livres pour enfants, et elle est présentée comme une icône féministe, un bandit social, ou une aventurière

L’Association Bretonne et l’Union Régionaliste Bretonne organisent un congrès au Faouët en 1966. Ce congrès est l’occasion de discussions sur la situation de la langue bretonne et de conférences sur l’histoire locale, notamment par Joseph Fréjon, originaire du Faouët.

marion chef des voleurs