Sainte Anne et Ia mission des grands-parents
7 mars-25 mars 2025. Une soeur de la Maison Notre-Dame de Joie.
Introduction :
II y a diverses manières d’être grands- parents : il y a les jeunes grands-parents et les moins jeunes ; il y a les grands-parents selon la chair, et les grands-parents adoptifs. Je me rangerais bien en cette catégorie, ayant actuellement des éléves de 12 a 16 ans dont j’ai l’âge d’être la grand-mere ! Je pense a Yvonne qui a mis ses talents de modiste au service des pardons en confectionnant des costumes bretons d’époque ; quoique célibataire, elle est devenue, par son rayonnement humain et spirituel comme la grand-mère du village de Kernascleden. II y a bien sur, surtout, les grands-parents d’origine, qu’ils exercent leur mission d’une manière visible et concrête ou bien dans l’éloignement douloureux de leurs petits-enfants. Comment parler de cette mission sinon en évoquant la figure de celle qui est la grand-mere de Dieu ?
Oui, Dieu existe et je vais vous raconter comment j’ai rencontré sa grand-mere a Sainte-Anne des-Bois : Sainte Anne m’y a éclairée sur sa mission de grand-mère adoptive ; elle y montre comment donner des racines et des ailes à tous les petits-enfants en les aimant gratuitement.

Comment sainte Anne aime-t-elle ses petits-enfants d’adoption ?
Cette petite chapelle qui est comme l’image de ce que nous pouvons être pour des jeunes qui grandissent : un repère, une présence dans l’absence, un amour gratuit qui incarne la bienveillance de Dieu. Elle est située en bord de route, à la croisée des chemins ; le battant de sa porte est ouvert, par tous les temps. Ce lieu est un havre de paix, une pause dans le tourbillon, on peut y entrer les pieds boueux sans se faire crier dessus, s’asseoir, sans cérémonie, sur un des bancs, se laisser accueillir par sainte Anne : elle est la présence silencieuse gratuite et aimante. Ne rien dire, regarder sa statue, contempler les cierges qui se consument en répandant lumière et chaleur, déverser en son coeur peines et joies sur le cahier d’intentions. Si l’on en croit l’abondance de « mercis » écrits dans le cahier ou gravés sur les ex -votos, sa retraite, du haut du Ciel, semble se passer à attendre ses petits-enfants, à les gâter, a les aimer sans attendre de retour.
Certains grands-parents travaillent encore et font l’impossible pour se consacrer à leurs petits-enfants. Tous investissent -ou ont investi- jusqu’ici une grande énergie en des activités marquées par un souci d’efficacité et un rythme trépidant. Ils ont déployé beaucoup de courage et de dévouement, non sans douleur, pour élever leurs enfants dans la ligne qui leur semblait la meilleure.
Arrive bientôt le temps de la retraite, ils ont l’impression de ne pas avoir vu leurs enfants grandir et les voila déjà grands-parents…ils se retrouvent devant des petites personnalités en germe et toutes nouvelles, mais dont parfois une mimique, un regard, les replongent 20 ans en arrière. Le contexte a changé. La responsabilité éducative des petits- enfants appartient désormais à leurs enfants, devenus, à leur tour, parents. Ces derniers n’ont pas forcément toujours les mêmes idées qu’eux sur la question et cela peut être parfois une source de tensions, d’incompréhensions et de chagrins : certains ne voient jamais leurs petits-enfants, d’autres en ont la garde entière, mais tous ont ceci de commun qu’ils pensent toujours à leur petits- enfants et prient pour eux, dans la présence ou dans l’absence. La petite Amélie de 7 ans a realisé que sa grand-mere pensait en fait tous les jours à elle, le jour où elle a reçu d’elle cette lettre « Le 7 décembre, jour de ton anniversaire, ma chérie, a toujours pour moi une note particulière »
La mission des grands-parents consiste d’abord à aimer leurs petits-enfants, comme sainte Anne, dans la gratuité et l’efficacité de la prière. Leur prière les rejoint partout, pour ce qu’ils sont, comme ils sont. Dans la présence comme dans l’absence, elle les enveloppe d’un amour inconditionnel qui les protège et les accompagne. « Dans un monde sans espérance, parce que sans Dieu, prier, c’est espérer en action. »
Cette mission peut s’exprimer aussi par des services rendus et « faits ensemble »_durant des vacances ou un week-end. La liste de ces gestes simples et concrets est longue et variée :
Transmettre son savoir-faire : peinture, bricolage, partie de pêche, couture, cuisine, tricot, confiture, tonte de la pelouse, conduite du tracteur, soins des animaux… Apprentissage ponctué de regards encourageants, admiratifs, valorisants. Joyeuse disponibilité qui demande la patience de s’ajuster au rythme de l’enfant.
S’intéresser à ce qu’ils aiment, jouer avec eux, quitte à se faire enseigner par eux le mode d’emploi des jeux video. « Ma grand-mère avait un esprit enfantin, un attrait pour la pitrerie que j’adorais, on faisait toujours les clowns avec elle » (Helene)
Ecouter beaucoup, accueillir sans jugements, garder discrètement en son coeur, joies, peines projets.
Gâter les petits-enfants pour savourer la joie de leur faire plaisir, mais avec un amour qui se met une pierre sur le coeur pour dire « non » quand le bien de l’enfant ou de l’entourage le requiert. Pour ne pas pourrir l’enfant aimé, s’apprêter à vaillamment endurer larmes, cris déchirants voir bouderie et chantage. S’arc-bouter pour demeurer calmes et sereins en cette tempête passagère.

-Ces temps d’enrichissements mutuels peuvent être suivis de moments éprouvants : cris, disputes, lutte sans merci, pour le laborieux apprentissage des « Merci, pardon et s’il vous plait » ; certains pré -adolescents peuvent parfois se montrer durs et ingrats à regard de ceux qui se sont sacrifiés pour eux ; ne les ont-ils pourtant pas gratuitement nourris, ne leur ont-ils pas donné à boire, n’ont-ils pas changé leurs couches, lavé et réparé leurs vêtements, ne les ont-ils pas soignés et veillés, quand ils étaient malades, cela parfois jusqu’à l’épuisement ?
Ces gestes doux et attentionnés, posés sans attente de retour, font penser à la manière dont Dieu aime les plus petits. N’allons pas penser que Dieu serait trop grand pour se soucier de couches, de biberons et des cris de joie perçants lors de l’ascension du Mont Everest sur les épaules d’un grand-père. Dieu révèle dans la Bible son coeur de père et de mère : « A la mamelle, vous serez portés et sur les genoux on vous caressera, comme ceux que sa mère console ainsi je vous consolerai » Isaie 66-1214. « Lui qui a entouré Israel et prit soin d’elle. II l’a gardée comme la prunelle de ses yeux. II l’a prise et l’a portée sur ses épaules » Deutéronome 32-10-12.
L’alliance entre les grands-parents et les plus petits offre une mystérieuse rencontre avec le Christ : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger. J’avais soif et vous m’avez donné à boire. J’étais malade et vous m’avez visité (et offert votre présence). —Seigneur, quand est- ce que nous t’avons vu ? Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? (Quand avons-nous pensé à toi, quand nous avons-nous fêté ton anniversaire ?) – Amen, je vous le dis, tout ce que vous avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait.» Math XXVI 34.46.
Si, plus tard, cet amour se voit visiblement payé de retour, c’est l’émerveillement : « Mes grandsparents ont d’abord été ceux qui m’ont gâtée et: chouchoutée et maintenant les rôles sont inversés » (Mathilde).
Helene a interrompu son voyage au Mexique pour courir au chevet de sa grand-mère : « je suis revenue du Mexique pour continuer mon voyage avec toi, ma petite Mamizou. Ton sourire à chacun de tes réveils fait grandir en moi une étoile de joie. Tes regards d’amour viennent déposer en mon coeur quelques perles de rosée. Ton émerveillement toujours si présent m’émerveille. Ta gourmandise me réjouit, ton esprit enfantin me faire rire, ma petite Mamizou. Je n’ai que ma présence à te proposer. Et, toi seule, dois suivre ce chemin emprunté. Je ne peux que te dire merci, merci de m’avoir aimée. »


Si, plus tard, cet amour se voit visiblement payé de retour, c’est l’émerveillement : « Mes grandsparents ont d’abord été ceux qui m’ont gâtée et: chouchoutée et maintenant les rôles sont inversés » (Mathilde).
Helene a interrompu son voyage au Mexique pour courir au chevet de sa grand-mère : « je suis revenue du Mexique pour continuer mon voyage avec toi, ma petite Mamizou. Ton sourire à chacun de tes réveils fait grandir en moi une étoile de joie. Tes regards d’amour viennent déposer en mon coeur quelques perles de rosée. Ton émerveillement toujours si présent m’émerveille. Ta gourmandise me réjouit, ton esprit enfantin me faire rire, ma petite Mamizou. Je n’ai que ma présence à te proposer. Et, toi seule, dois suivre ce chemin emprunté. Je ne peux que te dire merci, merci de m’avoir aimée. »
Comment sainte Anne a-t-elle donne des racines a sa fille Marie, en lui transmettant Ia mémoire du passé ?
La mission des grands-parents consiste non seulement à prier et à servir sans attendre de retour, mais aussi à donner aux jeunes des racines, en leur transmettant Ia mémoire du passé. Par I’histoire de leur famille, ils découvrent que la vie ne se réduit pas au seul présent, que le monde n’a pas commencé à leur naissance, pour s’achever avec eux. Ils sont le maillon d’une grande chaine de générations qui les renvoient à leur origine.
Dieu Lui-même s’est servi de la bouche de sa grand-mère, Anne, pour révéler à Marie, sa propre Mère, d’où elle venait et qui elle était. Sainte Anne tient sur ses genoux une Bible, histoire millénaire de sa famille et de son peuple. Elle apprend à sa petite fille comment déplier ce rouleau qui contient l’histoire de ses ancêtres : de Joachim et d’Anne, ses parents, jusqu’à David, tant de générations (14), de David à Abraham, tant de générations (14), d’Abraham à Adam : même nombre de générations. Puis d’Adam à « Dieu le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre ». Cette histoire familiale lui apprend qu’elle tient directement son âme de Dieu, son Père. II y a eu un peu de tout parmi ses ancêtres, des héros, avec leur part d’ombres, des personnes peu recommandables, mais aussi des saints qui ont misé sur Dieu.
Anne ne se perd pas dans les détails trop humains de la généalogie : elle va à ce qui a constitué l’essentiel de ces existences. Elle raconte comment Dieu leur parlait familièrement pour leur proposer une incroyable alliance, non pas une alliance guerrière ou diplomatique, mais une incroyable alliance d’amour, à Ia manière de l’amour brûlant d’un époux pour son épouse. Dieu a toujours comblé son peuple de bienfaits sans lui demander auparavant son avis : don de la vie, joie, fécondité ; on donne à manger et à boire à un bébé sans lui demander au préalable son avis. Mais quand Dieu veut donner, non plus des cadeaux, mais veut se donner, en personne, par pur amour, II se montre d’une infinie patience et discrétion, tant il est respectueux de sa liberté. Le résultat c’est que certains ont dit « non », en se détournant de Lui, la Source d’eau vive, d’autres ont dit « oui » à cette communion d’amour avec Lui et se sont engagés a vivre selon les Paroles du Seigneur : « qu’il nous enseigne ses Chemins et nous irons par ses sentiers ». (Isaie II, 1-5)
Sainte Anne enseigne à Marie l’art de s’approprier dans le présent cette Alliance toujours nouvelle et éternelle conclue avec Dieu par ses Pères. Quelques années plus tard, alors que Dieu avait suspendu le salut du monde au « oui » de la Vierge Marie, cette éducation a ouvert son coeur a la confiance et lui a permis de donner en toute liberté son consentement : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ». Son Magnificat est tissé de formules apprises sur les genoux de sainte Anne.

Après, c’est à l’Eglise, aux parents, aux grands-parents, aux catéchistes, de reprendre le fil de cette grande histoire familiale en racontant comment sainte Anne est devenue leur grand-mère adoptive. Pour cela, il suffit de montrer le petit crucifix qui est là sur l’autel, juste au-dessous de la statue : « Dieu, par qui tout a été fait, … descendit du Ciel pour nous les hommes et pour notre salut. Par l’Esprit Saint, II a pris naissance dans le sein de la Vierge Marie, fille de sainte Anne, et s’est fait homme. Crucifie pour nous sur une Croix, y verse son Sang, celui de l’Alliance nouvelle et éternelle ; ll nous y donne Marie, sa propre Mère, comme Mère. Ressuscité ensuite le troisième jour, conformément aux Ecritures, Il monta au Ciel notre but, la communion d’amour avec lui. Nous ne sommes pas seuls pour y parvenir. Sainte Anne y est là avec son coeur de grand-mère. Elle a transmis à sa fille Marie toutes les délicatesses de son coeur. Et c’est avec ce coeur de mère fait pour aimer un Fils qui est Dieu, que la Vierge Marie aime chacun de nous. Du haut du Ciel, son coeur veille sur nous, sa main nous conduit. Maintenant encore, à l’heure même où je vous parle.
Dans quelles dispositions de coeur et dame transmettre cet héritage de foi ?
Le couple d’Anne et de Joachim a connu une longue stérilité avant de pouvoir donner naissance à Marie. Durant ces vingt années quelle désolation a la pensée que tout ce qu’ils avaient reçu de Dieu allait peut-être s’arrêter à eux…
Quand Marie leur a enfin été donnée, sainte Anne lui transmet avec douceur cet héritage de la foi comme un trésor, en respectant sa liberté. Sa fille unique, tant attendue, lui fait part ensuite de son désir, sans précédent, de vouer à Dieu sa virginité, dont Joseph serait le gardien. Cette décision lui enlevait tout espoir d’avoir des petits-enfants et de voir naitre le Messie promis en sa descendance…
Ayant remis l’avenir de cette enfant entre les mains de Dieu, sainte Anne a pu avoir cette manière douce, aimable, aimante, légère, de témoigner, d’enseigner et de conseiller. Dire les vérités, même les plus difficiles, avec cette douceur, ce respect de sa liberté, peut sauver un jeune.
Dans un roman intitulé Maman voudrait que je croie en Dieu d’Adrien Candiard (Cerf 2025), Guillaume, un narrateur de 15 ans, voit bien que « c’est très important pour sa mère de lui transmettre la foi, qu’on soit de bons chrétiens, qu’on croie en Dieu ; elle a l’air de penser que, sinon, on deviendra de mauvaises personnes, ou alors elle a peur d’être une mauvaise mère, de manquer a son devoir si elle n’y parvient pas. Elle croit en Jésus… elle est vraiment à fond et je trouve cela très beau…C’est peut-être là qu’elle trouve sa force, la force de nous aimer, de nous élever… d’être toujours positive… D’ordinaire, elle respecte mon espace, ma vie privée, mon besoin d’intimité, je sais que j’ai de la chance. Mais dès qu’il est question de Dieu, elle voudrait décider à ma place, vouloir à ma place, et ça je ne le supporte pas. C’est plus fort que moi, ça me braque complètement… Pourtant je l’aime, ma mère, et je n’ai pas envie de lui faire de la peine » (pp.15-16).

Sainte Anne apprend à transmettre l’héritage dans la patience et la confiance en Dieu. La patience n’est pas démission ou lâcheté. C’est une sorte de négociation sereine avec le temps qui permet de s’ajuster au rythme de chacun et de vivre selon la volonté de Dieu. Sainte Anne compatit à toutes les souffrances des passeurs de la foi : celle de voir ses plus proches non-baptisés, celle d’être ridiculisé en sa foi, celle de ne pas pouvoir plus directement parler du Christ …
Dans un match de rugby, l’art de la passe consiste à faire des passes qui vont conduire au but. Même sans parler de Dieu, il y a une manière de donner des conseils avisés qui orientent les plus jeunes vers le bien et la vérité. Si chaque jeune pouvait cependant rencontrer sur sa route « son » grand-père ou « sa » grand-mère d’adoption et puiser dans sa sagesse et son expérience, lumière, réconfort et sens de la vie !
Raconter ce que l’on fait peut faire réfléchir aux priorités de la vie. L’exemple peut aider ce petit-fils ou cette petite-fille à prendre des décisions à partir du réel. Baignés dans un monde virtuel de Superman, Thor, ces héros aux super pouvoirs imaginaires, les jeunes ont besoin de modèles en chair et en os. « Si grand-père a connu tant d’épreuves, en est sorti renouvelé, alors pourquoi pas moi ? » Les impasses se transforment en passages. La sagesse des grands-parents peut aider à discerner entre l’argent et l’important, l’important et le futile, le vrai et le faux, le virtuel et le réel, que les réseaux sociaux mélangent et emmêlent à plaisir.
La fécondité de la mission de sainte Anne, source de notre espérance :
Sainte Anne a accompli sa mission si féconde de grand-mère à travers l’épreuve de la stérilité. Elle a offert à Dieu son désir d’avoir des petits-enfants, offert la possibilité de voir le Messie naitre de sa lignée. Et Dieu lui a répondu en faisant d’elle la grand-mère d’un Messie qui est Dieu !
Dès qu’ils sont arrivés au Ciel, sainte Anne et saint Joachim ont dû retrousser leurs manches et s’adonner à leur mission si féconde de grands-parents de tous ces innombrables enfants, dont la Vierge Marie est la mère à travers les siècles !

Comment leur donner des ailes ?
Nous avons des ailes quand nous sommes soutenus et portés par un grand Amour. Nous donnons des ailes par le témoignage d’une foi vécue qui s’ouvre à la joie de Dieu, en puisant son dynamisme dans la prière et dans les sacrements.
- Des ailes puisées et données à travers une vie de prière. L’amour recherche la proximité. L’intimité avec Dieu se cultive dans la prière. « Il m’avise et je l’avise ; je lui cause et Il me cause » répondait un homme à qui le Cure d’Ars demandait ce qu’il faisait là, devant le Tabernacle.
- Un homme racontait combien il avait été frappé, petit, de voir son grand-père, homme d’un fort tempérament qui ne pliait jamais devant rien ni personne, s’agenouiller, chaque soir, devant le crucifix. II avait alors pensé : « Ce Jésus, ça doit être « quelqu’un », quelqu’un de très, très fort… ».
Qui n’a pas aperçu sur une table de chevet, un petit carnet de prière sur lequel, inlassablement une grand-mère recopie la Parole de Dieu ; à force, elle est devenue le moteur qui anime et colore ses journées
-En voyant le respect et l’amour de grands-parents pour la Présence invisible du Christ dans l’Hostie, les jeunes pressentent que Jésus n’est pas un être disparu dont nous nous souvenons, ni un être lointain à qui nous pensons. II est vivant. II habite au milieu de nous. II est présent dans l’Eucharistie et, de Lui, part toute vie.
Ceux dont le but est d’être uni au Christ donnent des ailes. Leur relation intime avec le Christ est leur fondement indestructible. Aucune épreuve ne semble leur ravir cette communion à Lui qui les soulève, cet Amour qui leur permet de ne pas dire de choses négatives sur les deux parents des petits-enfants ou sur leur conjoint.
Le sacrement de mariage semble leur offrir une source toujours jaillissante de force, de courage au milieu des difficultés, en leur faisant aimer l’époux ou l’épouse de l’Amour même du Christ… Amélie me disait combien ses cousins et elle étaient frappés de la douceur et de la patience avec laquelle leur grand-père répondait inlassablement aux mêmes questions posées par leur grand-mère atteinte de la maladie d’Alzheimer. Blanche écrivait récemment « pour moi, mes grand -parents sont des exemples par l’amour qu’ils se portent et qu’ils nous portent et par leur engagement ».
Plus âgés, les grands-parents peuvent donner des ailes à travers le témoignage serein d’une offrande priante : l’onction des malades fait que le Christ porte et soulage, de l’intérieur, les souffrances de la personne âgée. Sa personne devient un véritable paratonnerre dans notre monde sans espérance, parce que sans Dieu. « Sur une musique printanière je te regarde, toi, ma douce grand-mère, je vois ton coeur qui bat toujours sur cette terre, je vois ton corps fatigué et ton âme qui désire s’envoler. même lorsque tu n’étais pas bien, tu transpirais l’amour. » (Sic). Des chrétiens en fin de vie ont parfois une manière de recevoir l’Hostie qui est à elle seule un témoignage : ils semblent tendus vers ce Jésus, ce Dieu caché véritablement présent, comme aspirés par le désir de le voir à visage découvert, d’être unis a Lui pour l’éternité.
Les grands-parents protègent de leur amour et de leur prière leurs proches et le monde d’une manière infiniment efficace, en les présentant à Dieu pour qu’il les bénisse.
Conclusion
Dieu passe par le coeur des grands-parents pour faire sentir aux plus jeunes son amour : « Je t’ai aimé d’un Amour éternel et je serai toujours avec toi ». Les grands- parents livrent aux plus jeunes une histoire qui leur révèle d’où ils viennent et qui ils sont. Ils ne sont pas le fruit du hasard. A l’origine de leur existence, il y a un projet d’amour de Dieu. Cette certitude et l’expérience pleine de sagesse de leurs grands-parents vont leur servir de piste d’envol. Cette mission ne passe pas seulement par ce qu’ils font ou disent mais surtout par ce qu’ils sont, ce qu’ils reçoivent du Seigneur et qui les anime de l’intérieur. Ils donnent des ailes parce qu’ils sont soutenus par la révélation d’un grand Amour. Ces ailes disent combien il est beau d’aimer Dieu et les autres. Le rôle entre grands-parents et petits enfants peut parfois s’inverser : c’est le cas de Carlo Acutis, ce jeune italien (1999-2006) qui sera canonise dans les jours à venir. C’est lui qui a amené à la foi ses parents et, Luana, sa grand-mère et marraine ! Carlo aimait passionnément l’Eucharistie et la Vierge Marie. C’était un garçon très joyeux, sportif aimant le foot et l’escalade, plein d’humour, de bonté et d’attention aux autres. Génie de l’informatique, il a monté sur internet une exposition multilingue sur les miracles eucharistiques, exposition qui a fait le tour du monde. II a été emporté en moins de 8 jours par une leucémie foudroyante. Le 12 octobre 2006 au moment même où, à l’hôpital, son coeur cessait de battre, sa grand-mère, restée chez elle, a entendu la voix de Carlo qui lui disait : « Bonne Maman, je suis au Ciel parmi les anges je suis très heureux, ne pleure pas je serai toujours à tes cotés. »